Avec Madère dans le rétro ou dans le viseur, la flotte du Vendée Globe s’extirpe progressivement de son premier gros coup de vent, pour retomber dans des conditions un peu plus aléatoires. Une grande loterie d’Eole qu’il faut accueillir avec philosophie… ou des biscuits !
Et quoi de mieux pour cela que de s'accorder une petite séance de décompression au lieu de ruminer sa frustration ? C'est ainsi que Louis Burton (Bureau Vallée), 8e au classement, se concoctait une tomate à la croque-au-sel - les deux ingrédients principaux étant compris dans le titre, on vous fait grâce de la recette - ou que Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence), après ses bien pénibles déboires de voile et sa rencontre fortuite avec une araignée velue, se vengeait sur son paquet de biscuit. Et confiait du même coup sa technique de réconfort à base de sopalin glissé sur ses poignets : « Quand t’as les manches mouillées mais que t’as pas le temps de te changer, ça marche du feu de dieu ! Si vous voulez d’autres gestes techniques de Clacla, demandez pas trop de conseils pour faire tomber une voile à la volée dans 25 nœuds, par contre pour les manches, je suis toujours là ! »
Trouver l'humour et la joie même quand ça ne va pas, voilà le remède des nuits de nos marins du Vendée Globe. Au crépuscule, c'est au son de « Say it ain’t so, Joe » de Murray Head que Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo for a Job), 14e au classement et premier bateau à dérives droites, nous embarquait à ses côtés pour un pas de danse réconfortant, montrant que son moral, contrairement à son cockpit, ne prenait pas l'eau. « Le problème, explique Pip Hare (Medallia) en plein effort après un changement de voile, c'est qu'on imagine toujours le bateau des autres parfaitement nickel et rangé, eux en train de siroter une tasse de thé, et on pense qu'on est les seuls à avoir un gros bazar à bord et à être épuisé. Mais la seule manière de gérer ça bien, c’est d'étouffer toutes ces pensées, et de se remettre à bosser » !