Avant d’être le sélectionneur qui a offert la première Coupe du monde à la France en 1998, Aimé Jacquet avait connu des débuts très difficiles à la tête des Bleus et n’est pas passé loin de l’éviction en 1995. Un but de Youri Djorkaeff l'a sauvé !
Sur le banc de touche des Bleus lors du dramatique France-Bulgarie de novembre 1993 en tant qu’adjoint de Gérard Houllier, lors de la non qualification scandaleuse pour la Coupe du monde 94, Aimé Jacquet a ensuite été le « sélectionneur provisoire » de la sélection pour débuter les éliminatoires de l’Euro 96. L’ancien joueur de Saint-Etienne aurait pu prendre la porte en 1995, trois ans avant de mener la France à son tout premier sacre à la Coupe du monde 98. Un but de Youri Djorkaeff a sauvé la tête de « Mémé » le 16 août 1995. Après une série assez improbable de 0-0 contre la Slovaquie, la Roumanie, la Pologne et Israël, les Bleus ont été menés au score au Parc des Princes par les Polonais et c’est Djorkaeff, tout juste arrivé au PSG, qui a égalisé en fin de rencontre (87e).
« J’ai sauvé la tête de personne. Mais en voyant les titres des journaux, j’aimais bien dire au coach: ‘Si vous êtes là, Aimé, c’est grâce à moi’ (rires). Aimé, c’est mon Dieu. Après, mon père, c’est la personne qui m’a le mieux compris dans ce sport. J’ai beaucoup d’admiration pour lui, et la manière dont il a su faire sortir le meilleur de chacun de nous », se souvient ainsi « The Snake » dans une interview accordée à So Foot. Le mois d’après, la France a infligé un 10-0 à l’Azerbaïdjan à Auxerre (avec des doublés de Djorkaeff et Frank Leboeuf) et a avancé vers la qualif’ pour le Championnat d’Europe des nations de 1996 organisé en Angleterre.
Durant ces éliminatoires de l’Euro, Aimé Jacquet a progressivement tourné le dos aux trois stars françaises Jean-Pierre Papin (qui enchaînait les blessures), Eric Cantona (lourdement suspendu) et David Ginola (non rappelé pour l’Euro anglais malgré sa bonne saison à Newcastle) pour installer durablement Zinédine Zidane et Youri Djorkaeff dans le secteur offensif avant de promouvoir Didier Deschamps en tant que capitaine. C’est la base même de la réussite des Bleus au Mondial 98, malgré les fortes critiques de la presse sportive à l’encontre du sélectionneur tricolore.
Djorkaeff raconte ainsi: « La discussion qu’Aimé a eue avec Zizou et moi à son arrivée a été la plus grande discussion que j’ai eue avec un entraîneur. Il nous a convoqués et il nous a expliqué son projet, notre association, ce qu’il attendait de nous et pourquoi il se passait de certains joueurs comme Cantona, Papin et Ginola. Quelque chose s’est passé ce jour-là: on ne voulait pas le décevoir. » Si Zidane a donné la victoire à la France d’un doublé de la tête en finale de la Coupe du monde contre le Brésil, Djorkaeff a été le leader offensif de son équipe durant le tournoi (un but, trois passes décisives).